Oh la grosse tête !

Après le baccalauréat, je suis restée 7 ans dans les études de traduction (en anglais), à collectionner les diplômes, les concours. Au final le but était clair : montrer que j’avais un raisonnement brillant, soit une véritable arme pour dominer – qui, l’autre ? Mais dans cette bulle, où n’existent que moi et mon si magnifique… formatage : « l’autre », reste un concept… Ou pour citer Ken Robinson, dans son discours aussi drôle que vrai, Pourquoi l’école tue la créativité : « les intellectuels vivent dans leur tête, et seulement d’un côté. Ils sont littéralement désincarnés ! Ils perçoivent leur corps comme un moyen de transport pour leur tête. ».

Ken Robinson

No sooner said than done

Or on dit souvent que les francophones globalement, sont dans leur tête ou en positif, doués pour réfléchir, tandis que les anglophones le sont plus, pour concrétiser. Par ailleurs on le voit à leur langue respective. En simplifiant on pourrait dire que le français est ‘’poétique’’, l’anglais, ‘’efficace’’. D’où la magie d’associer les deux… non ? Un peu comme avec l’« acte de langage », ou speech act. Sa théorie vient d’un recueil de conférences données en 1955 par le philosophe anglais John Austin, How to do Things with Words (Quand dire, c’est faire). Vous savez, lorsqu’il ne s’agit plus de décrire un fait qui peut être vrai ou faux (« j’ouvre la fenêtre » ne veut pas dire que c’est le cas), mais d’accomplir quelque chose en le disant : « je vous remercie », « je jure de dire la vérité », « je te baptise ».

Ces exemples illustrent bien l’impact direct de la parole sur l’action.

Un combo du feu de Dieu !

Dans cet état d’esprit, l’écriture de Pierre Lassalle aussi, rassemble étonnamment ces deux caractéristiques ; une plus francophone, donc « tête », l’autre plus anglophone, ou « membres »… Avec la spécificité supplémentaire unique, de les fusionner dans le cœur. Cela crée une parole (car quelque part, on a l’impression de « l’entendre ») alchimique, qui ravit la pensée, enflamme le cœur, et en définitive, met debout. Elle rend prêt à l’aventure, celle de défendre ses valeurs & idéaux, dans un monde qui les détruit jusqu’au dernier.

A expérimenter !

Oui, tout à fait : l’application des livres de Pierre Lassalle, m’a fait descendre de ma tête, de ma tour d’ivoire. Dans mon cœur dans un premier temps, étape essentielle, où ma pensée pour le moins refroidie par l’intellectualisme, s’est réchauffée, vivifiée… Je me suis mise à inclure ce qui m’entoure : le Ciel, les Humains, la Nature. Pour enfin arriver à l’étape peut-être, la plus importante : celle d’agir pour eux, par Amour. Ainsi cet enseignement livresque encourage au total retournement de l’être, pour passer de l’égoïsme, l’individualisme, à l’action fraternelle.

Grâce à ce que j’appellerais, ces « chants d’amour guerriers », sous forme de manuels, de romans, de méthodes pratiques… j’ai pu progressivement transformer un comportement très ancré chez moi : de toujours voir le mal en premier, et de critiquer l’autre (car c’était mon ‘’droit’’ en tant que ‘’savante’’… en réalité, en tant qu’ignorante !), en valorisation du Bien. Comme si l’on cherchait à écouter la mélodie du cœur de l’autre, et à ce que tout le monde l’entende.

Je ne me permettrais pas de vous citer un seul exemple parmi les innombrables dans la soixantaine d’ouvrages que Pierre Lassalle a écrits : je ne voudrais pas spoiler votre expérience, car si je vous ai décrit la mienne il en existe, toutes plus riches les unes que les autres, autant que de lecteurs – des millions.

Anne Cariou, 40 ans, traductrice

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